1)
Le phénomène,
les
rayonnements et les déchets
radioactifs
A) Les
différents rayonnements
La radioactivité se manifeste sous forme de rayonnements α,
β et γ, aussi appelé désintégration alpha, bêta et
rayonnement électromagnétique gamma. Une désintégration est
caractérisée par certaines propriétés :
o Aléatoire : Il est impossible de prévoir l'instant où va
se produire la désintégration d'un noyau radioactif ;
o Spontanée : La désintégration se produit sans aucune
intervention extérieure ;
o Inéluctable : Un noyau radioactif se désintégrera tôt ou
tard ;
o Indépendante de la combinaison chimique dont le noyau
radioactif fait partie ;
o Indépendante des paramètres extérieurs tels que la
pression ou la température ;
o Lois de conservation : lors d'une désintégration
radioactive α ou β il y a conservation du nombre de charge Z
et du nombre de nucléons A.
En préalable à l’explication des différents rayonnements,
expliquons un effet qu’il leur est commun :
zone rouge
: les noyaux sont stables (vallée de stabilité).
zone jaune
: les noyaux donnent lieu à une radioactivité de type alpha.
Ce sont des noyaux lourds (N et Z sont grands donc A est
grand)
zone bleue
: les noyaux donnent lieu à une radioactivité de type bêta
-. (noyaux qui présentent un excès de neutrons par rapport
aux noyaux stables de même nombre de masse A).
zone verte
: les noyaux donnent lieu à une radioactivité bêta +.
(noyaux qui présentent un excès de protons par rapport aux
noyaux stables de même nombre de masse A).
Le phénomène
d'ionisation

Une particule chargée (ici une particule alpha) dotée d’une
grande énergie expulse un électron d’un atome rencontré sur
son chemin. L’atome qui a perdu un électron est devenu un
ion. Son cortège d’électrons est perturbé, des liaisons avec
ses voisins sont rompues. Finalement l’énergie transférée
par la particule alpha, se retrouve dans le milieu sous
forme de radiations électromagnétiques ou de chaleur. La
particule alpha, contrairement à ce qu’indique le dessin,
peut arracher des électrons à distance grâce à sa charge
électrique : elle ionise des centaines de milliers, voire
des millions d’atomes, avant de s’arrêter.
La charge électrique confère à une particule la faculté
d'agir à distance et d'arracher des électrons appartenant
aux atomes du milieu traversé. Elle « ionise » la matière,
car les atomes neutres qui ont perdu des électrons sont
appelés des « ions ». L'ionisation est d'autant plus forte
que la charge électrique Z du projectile est élevée.
L'énergie d'un rayon alpha ou bêta est des centaines de
milliers de fois supérieure aux quelques électronvolts
nécessaires pour ioniser un atome. Il faut environ 30
électronvolts pour arracher un électron d'un atome de gaz,
et beaucoup moins dans une structure cristalline.
La perte en énergie due à l'ionisation est proportionnelle à
la masse et au carré de la charge de la particule. Elle
varie beaucoup avec sa vitesse. Quand la particule est
lente, elle passe davantage de temps dans un atome et elle a
plus de chances d'interagir en le traversant. L'ionisation
devient particulièrement intense en fin de parcours quand le
projectile a perdu presque toute sa vitesse. Cette propriété
est utilisée pour des applications thérapeutiques. Dans le
traitement par irradiations de tumeurs cancéreuses, on règle
le parcours des particules chargées pour qu'elles s'arrêtent
dans les cellules malignes.
À force d’arracher des électrons, la particule perd son
énergie, se ralentit et finit par s’arrêter. Plus
l’ionisation est intense, plus le trajet est court. Tel est
le cas des particules alpha dont la longueur du parcours
dépend de l’énergie initiale. Le parcours d’un électron bêta
est sinueux, mais ne peut dépasser une certaine longueur
caractéristique de l’énergie. Du point de vue de la
protection, une épaisseur de blindage supérieure au parcours
maximum assure une sécurité parfaite.
Les électrons et les ions créés se recombinent, en l'absence
de champ électrique, après le passage de la particule
ionisante. L'énergie perdue est rapidement dissipée sous
forme de chaleur le long de la trajectoire. Cette chaleur
suffit à déclencher la formation de bulles dans un liquide
sur le point de bouillir. Dans la bière, des bulles sont
déclenchées par des particules chargées du rayonnement
cosmique. Les effets de l’ionisation sont multiples :
ruptures de liaisons moléculaires, créations de radicaux
libres, déclenchements de réactions chimiques, génération de
défauts dans des structures cristallines, etc... Dans
certaines matières plastiques transparentes, les atomes
retournent à l'équilibre en émettant de la lumière.
a) la
radioactivité alpha
Les particules alpha sont à la fois les rayons radioactifs
les plus dangereux pour la matière vivante et ceux dont il
est le plus facile de se protéger. Une simple feuille de
papier, de l’eau ou même de l’air peut arrêter ce type de
rayons.
Exemple de la
désintégration du radium-226
Ce gros noyau de 226 nucléons, dont 88 protons et 138
neutrons, émet une particule alpha composée de deux protons
et deux neutrons. Il se transforme alors en noyau de
radon-222, lui-même radioactif, contenant deux protons et
deux neutrons de moins. La désintégration libère 4,6
millions d’électronvolts d’énergie. La particule alpha en
emporte les 222/226ièmes et le radon 4/226ièmes.
Il faut attendre la désintégration 2300 ans en moyenne.
L'émission d'une particule alpha concerne surtout les très
gros noyaux, dont le plus gros observé dans la nature est
celui de l'uranium-238 comportant 92 protons et 136
neutrons.
De tels noyaux, instables, émettent un noyau léger d'hélium
afin de devenir moins volumineux et ainsi de se rapprocher
de la stabilité. Il s'avère que cette manière d'expulser
deux protons et deux neutrons groupés est plus économique
que d'expulser des protons et des neutrons de manière
isolée.
L'énergie libérée lors d'une désintégration alpha se
retrouve sous forme d'énergie cinétique partagée entre la
particule alpha et le noyau qui recule. Comme dans un tir
d'artillerie où l'obus emporte pratiquement toute l'énergie
de la déflagration, les particules alpha emportent environ
98 % de l'énergie et le noyau de recul (la culasse du canon)
le reste. L'énergie de la particule alpha est unique pour
une désintégration donnée. Elle est de l'ordre de quelques
millions d'électronvolts (MeV).
Un exemple de désintégration alpha est celui, historique, du
radium-226 qui se transforme en un noyau de radon-222 en
éjectant une particule alpha. La réaction libère 4,6 MeV. Le
noyau résiduel de radon-222 est un gaz rare lui-même
radioactif, l’espèce chimique s’est donc transformé au cours
de la désintégration alpha.
Les « périodes » des désintégrations alpha sont souvent
longues. Ainsi, certains émetteurs alpha comme le
thorium-232 et l'uranium-238 mettent des milliards d'années
à se désintégrer. Le radium-226 se désintègre lui avec une
période de 1600 ans. La moitié des noyaux de radium
contemporains du siège de Paris par Attila en 422 ne se sont
donc pas encore désintégrés.
Parcours des
rayonnements alpha :
L'énergie d'une particule alpha est variable, les plus gros
noyaux émettant des particules de plus haute énergie, mais
la plupart des particules alpha possèdent une énergie
comprise entre 3 et 7 MeV. Ceci représente une quantité
d'énergie relativement élevée pour une seule particule, mais
leur masse importante implique que les particules alpha ont
une vitesse plus faible (typiquement, une énergie cinétique
de 5 MeV donne une vitesse de 15 000 km/s pour la particule)
que les autres types de radiations courantes (particules
bêta, rayonnement gamma, neutrons, etc.). Du fait de leur
masse et de leur charge importante, les particules alpha
sont facilement absorbées par la matière et ne peuvent
parcourir que quelques centimètres dans l'air. Elles peuvent
être arrêtées par une feuille de papier ou par la partie
externe de la peau et ne sont donc en général pas
dangereuses pour la santé sauf si la source est inhalée ou
ingérée. Par contre, si une source de rayonnement alpha
pénètre dans le corps humain elle est la forme de radiation
la plus dangereuse; car c'est la plus ionisante et des doses
suffisamment fortes peuvent provoquer tous les symptômes
d'empoisonnement radioactif. On estime que les dommages
causés aux chromosomes par les particules alpha sont environ
100 fois plus importants que ceux provoqués par une autre
radiation en quantité équivalente
Parcours des rayonnements alpha

b) La
radioactivité bêta
Le rayonnement β est une émission d'électrons. Sa
pénétration est faible : elle est arrêtée par une feuille
d'aluminium de quelques millimètres d'épaisseur. Ils sont
émis lors de désintégrations avec des vitesses pouvant
approcher celle de la lumière, donc beaucoup plus élevées
que celle des particules alpha.

Exemple
d’une désintégration bêta-
Un noyau de Cobalt-60, qui contient 33 neutrons et 27
protons, présente un excès de 6 neutrons (représentés en
bleu). Pour se débarrasser de cet excès, un neutron se
transforme en proton (représenté en rouge). Le noyau est
devenu un noyau stable de nickel-60 avec 28 protons (un de
plus) et 32 neutrons (un de moins), mais toujours 60
nucléons. Lors de la désintégration, deux corpuscules sont
créés, un électron et un antineutrino qui échappe à la
détection.
On distingue les deux variantes de radioactivité bêta sous
les noms de radioactivité bêta- (β-) et bêta+ (β+).
La radioactivité bêta est rendue possible par la présence
dans le noyau de forces capables de transformer un nucléon
d'une espèce dans l'autre (un neutron en proton ou un proton
en neutron) : ce sont les forces appelées faibles. Cette
transformation ne change pas le nombre de nucléons. Elle est
accompagnée de l'émission d'un électron ou d'un positon et
d'un neutrino ou d'un antineutrino. Elle libère généralement
de l'énergie. Son alternative, l'expulsion d'un neutron ou
d'un proton n'est énergiquement possible que pour les noyaux
les plus éloignés de la stabilité.
La radioactivité β- est l'émission d'un électron et d'un
antineutrino accompagnant la transformation d'un neutron en
proton. La radioactivité b+, son contraire, est la
transformation d'un proton en neutron avec émission d'un
positon et d'un neutrino. Les neutrinos ou antineutrinos
sont des particules pratiquement indécelables.
L'énergie de la désintégration se partage entre les trois
participants : le noyau qui recule, l'électron (ou le
positon) et l'antineutrino (ou le neutrino). Le noyau, dont
la masse est très lourde par rapport aux deux autres
participants, n'emporte pratiquement pas d'énergie.
L'excès de neutrons étant fréquent parmi les noyaux
radioactifs naturels, la radioactivité β- est de loin la
plus observée.
Un exemple de radioactivité β- est celui d'un isotope
naturel à vie très longue du Potassium, le potassium-40,
dont 4000 noyaux se désintègrent par seconde dans le corps
humain. Un second exemple est constitué par les produits de
fission qui héritent de l'excédent en neutrons du noyau
d'uranium ou de plutonium dont ils sont les fragments.
L'excès de protons est rare dans la nature.
Parcours des
rayonnements bêta :
Une particule bêta perd sa vitesse et son énergie en
arrachant des électrons aux atomes qu'elle rencontre : elle
ionise la matière le long de son parcours. Le parcours d'un
électron ou positon diffère cependant sensiblement de celui
d'une particule alpha, un petit noyau 7300 fois plus lourd.
Un bêta possède la même masse que les électrons qu'il
arrache aux atomes. De plus, si le bêta est un électron
(c'est le cas le plus fréquent) il est en tout point
semblable aux électrons atomiques.
Au total, les bêta sont moins ionisants que les particules
alpha. Leur parcours est aléatoire, long et sinueux. Le
rayonnement est plus pénétrant, mais ils sont moins nocifs
en cas d'absorption. Il est un peu plus difficile de les
arrêter : il faut trois mètres d'air ou une plaque
d'aluminium de 7 millimètres d'épaisseur pour stopper
sûrement un électron bêta. Il peut traverser la peau d'une
personne.
c) La
radioactivité gamma
Ce rayonnement n'était pas dévié par des champs électriques
ou magnétiques, contrairement aux rayons alpha et bêta. Il
était donc porté par des corpuscules électriquement neutres,
les photons.
Les rayons « gamma » sont des ondes électromagnétique de
même nature que les rayons X ou encore que la lumière émise
par les atomes, mais l'énergie qu'ils transportent est
beaucoup plus élevée : de 100 000 à quelques millions
d'électronvolts.
La pénétration d’un rayon gamma est très grande : il faut
une forte épaisseur de plomb ou de béton pour l'atténuer.
C'est pourquoi autour du réacteur nucléaire, trois barrières
successives empêchent, en cas d'accident, les produits de
fission de contaminer l'extérieur : une gaine métallique,
une cuve en acier de 20 cm d'épaisseur, une enceinte en
béton précontraint de 80 cm d'épaisseur.

La radioactivité gamma se produit quand une désintégration
ou un événement comme la capture d’un neutron a laissé le
noyau avec un trop plein d’énergie. Le noyau " excité "
revient généralement très rapidement à un état plus normal.
Dans cette illustration, le noyau déformé et animé d’une
rotation autour d’un axe retrouve une forme sphérique et
perd sa rotation en émettant une radiation gamma qui emporte
l’excédent d’énergie. Les rayons gamma sont de même nature
que les photons de lumière émis par les atomes, mais leurs
énergies sont des centaines de milliers de fois plus
grandes.
Exemple de
radioactivité gamma
L'émission d'un gamma accompagne une désintégration alpha ou
bêta ou encore la capture d'un neutron par un noyau. Ces
événements laissent généralement le noyau dans un état
excité, c'est-à-dire avec un supplément d'énergie par
rapport à son état naturel que les physiciens appellent «
fondamental ». Le noyau perd alors cet excès d'énergie en
une ou plusieurs étapes, émettant à chaque fois un « grain
d'énergie électromagnétique », un photon gamma.
La transition gamma est presque toujours immédiate. Elle
peut exceptionnellement se produire avec un retard. Tel est
le cas d'un état excité du technétium qui dure plusieurs
heures et qui laisse le temps de l'utiliser dans les
hôpitaux comme une source pure de rayons gamma.
Comme l'atome, le noyau possède des états d'énergie bien
définis. Le saut d'un état d'énergie à un autre se fait en
émettant un g d'énergie unique, caractéristique de la
transition et du noyau. La mesure de l'énergie des photons
gamma constitue ainsi un moyen d'identification de la nature
du noyau émetteur.
Parcours des
rayonnements gamma
:
L'effet des rayons gamma est très différent de celui de
particules chargées. Alors que les rayons alpha et bêta
déposent leur énergie progressivement, les photons gamma
procèdent par tout ou rien. Ils ne produisent aucun effet
avant d'interagir avec un noyau ou un électron. Quand ils
interagissent, ils mettent en mouvement des particules
chargées. Ce sont elles qui déposeront l'énergie dans la
matière.
Avec de la chance, les rayons gamma peuvent échapper
longtemps à une interaction. Ils sont donc très pénétrants
et beaucoup plus difficiles à arrêter que des alpha et bêta.
Dans les laboratoires et auprès des accélérateurs,
l'habitude est de s'en protéger par des écrans en plomb, un
matériau bon marché, les gamma étant plus vite absorbés par
des noyaux lourds.
Arrachement
d’un électron :

Les effets des rayons gamma sont délocalisés et se font
sentir dans des volumes importants. C'est pourquoi les gamma
du Cobalt-60 sont utilisés par exemple pour la stérilisation
des aliments et la désinfection des momies. À faible dose,
les gamma sont utilisés pour le diagnostic médical, car ils
sont les moins nocifs en cas d'irradiations internes. C'est
la raison pour laquelle, le technétium-99m, qui est l'un des
rares noyaux uniquement émetteur gamma, est très recherché.

Résumé des
pénétrations respectives des différents rayonnements issus
de la radioactivité.
B) Les
déchets radioactifs
Il faut savoir qu’il existe plusieurs types de déchets
nucléaires. En effet les déchets nucléaires sont classés
selon deux grands critères déterminants : Leur niveau de
radioactivité et leur durée de vie (la radioactivité diminue
avec le temps selon une courbe exponentielle ). On peut
ainsi aboutir à un classement des déchets en trois
catégories (A, B, C) qui font chacune l’objet d’une
politique de gestion particulière
a) Les
déchets de faible radioactivité, à vie courte : Type A
Ces déchets représentent 90% de la totalité des déchets
radioactifs. Ils sont à vie courte et d’activité faible ou
moyenne. Ils contiennent essentiellement des radioéléments
émetteurs de rayon bêta et gamma (Filtres, Gants et petit
matériel venant de l’exploitation de centrales, de
laboratoire de recherche ou des hôpitaux). Ils sont
compactés et conditionnés dans des fûts de métal ou de
béton. La période de leur radioactivité est inférieure à 300
ans et dont la radioactivité devient négligeable au bout de
300 ans.
La plupart du temps les opérations de compactage et de
conditionnement s’effectuent jusqu’à présent sur les lieux
mêmes de production.
b) Les
déchets de moyenne radioactivité, à vie longue : Type B
Ils sont aussi appelés « déchets alpha » en raison du
rayonnement qu’ils émettent, présentent une activité
moyenne, mais qui peut durer des dizaines de milliers
d’années. Ces déchets représentent un peu plus de 9% de la
totalité des déchets radioactifs. Il s’agit des résines
d’épuration, concentras, filtres, coques métalliques ayant
contenu l’uranium. Ils proviennent principalement des usines
de retraitement (boues, gaines de combustibles). Ces déchets
sont traités en vue d’une réduction de leur volume,
conditionnés dans des fûts de métal ou de béton et
entreposés à La Hague. Une des options envisagées pour leur
stockage final est de les enterrer en profondeur.
c) Les
déchets de forte radioactivité, à vie longue : type C
Ces déchets sont aussi appelés « déchets vitrifiés » parce
qu’on les coule dans du verre. Ce sont des déchets a très
haute activité. Pendant quelques centaines d’années, ils
émettent surtout des rayonnements bêta et gamma ; Ils
émettent ensuite des rayonnements alpha.
Ils représentent environ 0.5% de la totalité des déchets
radioactifs. Il s’agit principalement des cendres de la
combustion de l’uranium- ou produits de fission- engendrés
par les réactions nucléaires dans le cœur des réacteurs et
récupérés dans les combustibles usés grâce aux opérations de
retraitement. La radioactivité de ces déchets reste élevée
pendant une longue période. Plusieurs étapes sont prévues :
actuellement, les produits de fission sont stockés sous
forme de liquide pendant environ cinq ans dans des cuves en
acier inoxydables où ils perdent une partie de leur chaleur
et de leur radioactivité.
Produits de
la fission :
Les produits de fission sont instables et se désintègrent
selon une demi-vie plus ou moins longue. La plupart des
produits de fission sont des émetteurs bêta et gamma,
certains sont des émetteurs de particule alpha.
Une fois les premiers instants post-fission passés où des
neutrons dits « retardés » peuvent se trouver émis (quelques
secondes après la fission), les corps instables formés lors
de la fission vont progressivement rallier la situation de
stabilité par émissions successives d’électrons (rayonnement
bêta), accompagnées de rayonnements électromagnétiques
(rayons gamma) correspondant au passage des différents
niveaux d’énergie excités au niveau fondamental du noyau
lui-même, et du réarrangement du cortège électronique
desdits atomes.
Au cours du ralliement vers la situation stable – sauf cas
rarissimes - le nombre total de nucléons des atomes
instables initialement formés ne change pas ; seul le nombre
de protons augmente par transformation successive de neutron
en proton avec émission d’un électron à chaque fois et
libération d’énergie sous forme de rayonnement gamma.
Ces considérations expliquent pourquoi les produits de
fission sont :
· très généralement émetteurs bêta ;
· très souvent émetteurs gamma ;
· rarement émetteurs alpha et uniquement en résultante d’une
désintégration d’émetteur bêta débouchant sur un corps
quasi-stable, existant déjà à l’état naturel, lui-même
émetteur alpha.
L’atome d’uranium fissionné et le neutron provoquant la
fission comportent initialement 92 protons et 144 (143+1)
neutrons, dont deux et demi (en moyenne) sont émis quasiment
instantanément lors des fissions. Dès lors les deux atomes
instables formés lors de la fission contiennent au total 92
protons et 141,5 neutrons (en moyenne), qui se répartissent
entre les deux atomes instables formés. On peut voir ainsi
que les deux atomes instables formés contiennent un nombre
excessif de neutrons par rapport aux isotopes stables (entre
trois et cinq neutrons « en excès » par rapport à la
stabilité) des éléments concernés.
Les produits de fission peuvent être à l'état gazeux (par
exemple Xénon 133, Krypton 85) ; liquide (Iode 131) ou
solide (Césium 137, Strontium 90).Les produits de fission
sont radiotoxiques. Ils contribuent à la radioactivité à
court et moyen terme des déchets nucléaires de haute
activité produits par le combustible nucléaire.
Environ 73% du total des atomes formés lors de la fission
sont des corps solides stables ou des résidus des corps de
période inférieure à 10 ans (qui disparaissent donc
relativement rapidement).
Produits de
fission à vie très longue
Environ 10% du total des atomes formés lors de la fission
sont des radio-isotopes (déjà présents dans la nature) de
période supérieure à 100 milliards d’années (Ils peuvent de
facto être considérés comme des corps quasi-stables).
Ce sont :
· Le néodyme 144, pour en gros 3,2% des atomes initialement
formés par fission, émetteur alpha.
· Le zirconium 96, pour en gros 3,2% des atomes initialement
formés par fission, très certainement émetteur bêta.
· Le rubidium 87, pour en gros 1,36% des atomes initialement
formés par fission, émetteur bêta.
· Les samarium 147 et 149, pour en gros 1,85% des atomes
initialement formés par fission, émetteurs alpha.
Bien que certains ces corps sont émetteurs alpha, ils ne
sont pas spécialement gênants car :
· Leur activité est très faible.
· Le dégagement de chaleur et d’hélium est donc également
très faible.
Produits de
fission à vie longue
Environ 10% du total des atomes formés lors de la fission
sont des radio-isotopes à vie très longue qui représentent
véritablement la radioactivité résiduelle à long terme due
aux produits de fission, ils sont au nombre de 7. Ce sont :
· Le zirconium 93, émetteur bêta d'une demi-vie de 1,5
millions d’années pour en gros 3,2% des atomes initialement
formés par fission
· Le césium 135, émetteur bêta d'une demi-vie de 3 millions
d’années pour en gros 3,2% des atomes initialement formés
par fission.
· Le technétium 99, émetteur bêta d'une demi-vie de 212 000
ans pour en gros 3,0% des atomes initialement formés.
· L’iode 129, émetteur bêta d'une demi-vie de 18 millions
d’années pour en gros 0,49% des atomes initialement formés.
· L’étain 126, émetteur bêta d'une demi-vie de 100 000 ans
pour en gros 0,10% des atomes initialement formés par
fission.
· Le palladium 107, émetteur bêta d'une demi-vie de 18
millions d’années pour en gros 0,05% des atomes initialement
formés par fission.
· Le sélénium 79, émetteur bêta d'une demi-vie de 65 000 ans
pour en gros 0,02% des atomes initialement formés par
fission.
Pour ces corps dont la durée de vie est sans rapport avec
les échelles de temps historiques, la solution nominale
actuelle consiste à les confiner dans une matrice adaptée
(mélangés aux autres produits de fissions ci-dessus) et les
placer au stockage géologique. Des études et évaluations
économiques sont en cours pour examiner dans quelles
conditions, il est possible de transmuter ces 7 corps en
corps à vie courte.
Produits de
fission à vie courte
Environ 7% du total des atomes formés lors de la fission
sont des radio-isotopes à vie moyenne de période supérieure
à 10 ans et inférieure à 100 ans.
Ce sont :
· Le césium 137, émetteur bêta et gamma d'une demi-vie de
30,2 ans pour en gros 3,2% des atomes initialement formés
par fission.
· Le strontium 90, émetteur bêta et gamma d'une demi-vie de
28,1 ans pour en gros 2,9% des atomes initialement formés
par fission.
· Le krypton 85, (qui est un gaz) émetteur bêta d'une
demi-vie de 10,8 ans pour en gros 0,2% à 0,7% des atomes
initialement formés par fission, ne se retrouve pas dans le
stockage géologique mais séparé à l’usine de retraitement de
La Hague
· Le samarium 151, émetteur bêta d'une demi-vie de 93 ans
pour en gros 0,24% des atomes initialement formés par
fission.
· Enfin, pour être complet, on doit mentionner l’étain 121
"métastable" émetteur gamma d'une demi-vie de 76 ans et le
cadmium 113 "métastable" émetteur gamma d'une demi-vie de 14
ans qui sont produits à hauteur de moins de 0,01% des PF
initialement formés.
Seuls le samarium 151, demi-vie de 93 ans (0,24% des atomes
initialement formés par fission) et l’étain 121 métastable,
demi-vie de 76 ans (moins de 0,01%), peuvent être considérés
comme à la limite d’une gestion à l'échelle historique.
La question qui nous
intéresse vraiment est de savoir quels peuvent être les
impacts et les dangers que représentent ces différents
rayonnements.
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