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La fusion et la radioactivité
Le processus de fusion nucléaire tel qu’il est actuellement
utilisé repose sur la fusion d’un noyau de deutérium avec un
noyau de tritium.
Le premier réactif, le deutérium est un isotope qui se
trouve à l'état naturel et dans une fraction non négligeable
dans l'hydrogène qui constitue l'eau. Sa production, sa
synthèse est donc aisée et non polluante.
Le second, le tritium, est, quant à lui, un élément
radioactif, il se dégrade en émettant des rayonnements que
nous avons vu précédemment. Cependant, son temps de vie,
c'est-à-dire la période pendant laquelle il émet des
rayonnements potentiellement dangereux, est très courte (de
l'ordre de la dizaine d'année). Le tritium pose le problème
de sa diffusion élevée dans les différents matériaux
(fuite). Cela complique d'autant le choix de ces matériaux
et la décontamination du tritium.
Dans un réacteur de fusion, le tritium sera fabriqué in situ
à partir du lithium par bombardement de celui-ci par un
neutron.
Par conséquent, aucun des combustibles de base, le deutérium
et le lithium, pas plus que le produit de la réaction,
l’hélium (un gaz neutre), ne sont radioactifs. Si l’on
excepte le premier démarrage qui nécessite une charge
initiale en tritium, un réacteur de fusion ne demandera pas
de transport de matière radioactive.
De plus, la réaction de fusion ne génère pas, directement ou
indirectement, de sous-produits radioactifs de longs temps
de vie.
Cependant, les interactions entre les neutrons rapides qui
s'échappent de l'enceinte du réacteur et les parois
génèreront certainement des déchets radioactifs. Le choix
pour ces éléments de structure, pour les enceintes, de
matériaux à faible activation (ou plus exactement à temps de
décroissance rapide) permet de minimiser les quantités de
déchets radioactifs. Ainsi, à l’arrêt définitif du réacteur
après une période de 100ans, la majorité, voire la totalité
de ces matériaux peut être considéré comme des déchets de
très faible activité, pouvant être recyclé dans la filière
nucléaire.
Cette qualité peut être illustrée par une image forte
:
En moyenne après 100 ans de décroissance, la radioactivité
moyenne des matériaux d'un réacteur de fusion est plus
faible que celle des cendres du charbon qui aurait produit
la même quantité d'énergie.
En fait, un partie importante du tritium consommé dans les
réacteurs de fusion pourrait directement être produite par
les interactions entre les neutrons fortement énergétiques,
produits de la fusion au centre du dispositif et le lithium
constituant certains éléments des parois du réacteur, car
les neutrons, électriquement neutre, pourraient s’affranchir
des champs électromagnétiques maintenant le plasma dans le
vide. Ainsi, le seul combustible radioactif serait produit
et consommé directement dans le réacteur.
De plus, contrairement aux déchets radioactifs liés aux
centrales classiques, ceux produits par la fusion auront un
temps de vie court. Leur nuisance potentielle pourra alors
facilement être gérée par un stockage et une surveillance à
court ou moyen terme. Ainsi les déchets de la fusion ne
constitueront ni un fardeau ni un danger pour les
générations qui nous suivront.
L'élimination des déchets (radioactifs) de fusion par la
génération qui a contribué à les créer est un objectif tout
à fait réalisable.
Le processus de fusion, contrairement à celui étudié
précédemment de la fission, ne créerait théoriquement pas de
radioactivité, ou tout au moins celle-ci serait négligeable
car réemployé dans le processus même qui a contribué à la
créer. Il s’agit donc là d’un atout considérable. |